dimanche 16 novembre 2008

La littérature des enfants fait école

Le 15 novembre au théâtre du Vieux Colombier, quatre éditeurs invitaient celles et ceux qui s'y intéressent à réfléchir aux liens entre la littérature de jeunesse et l'école. Avec Christian Poslaniec dans le rôle de Martin-Réveil, une journée rondement menée dont on est reparti éclairé et renforcé dans la volonté de défendre l'accès du plus grand nombre à la littérature contemporaine et au livre. Quelques bribes:

Max Butlen (université de Cergy Pontoise, IUFM de Versailles): Il ne suffit pas de proposer de bons livres, le rapprochement spatial des livres n'abolit pas la distance à la culture et à l'écrit. Il importe de redéfinir les conditions du plaisir de lire qui relèvent à la fois de l'identification et du plaisir de la réflexion.

Claude Ponti: Lorsque j'écris pour les enfants, je ne me prive de rien comme sujet, mais on ne peut pas tout dire de la même façon aux adultes et aux enfants.

Pef: J'ai écrit Une si jolie poupée, Zappe la guerre ou Je m'appelle Adolphe pour que ça pète. Zappe la guerre existe parce que mon grand père est mort au front en pantalon rouge. Il y a des gens qui fabriquent des mines antipersonnelles cachées dans des jouets, on ne peut pas dire aux enfants que tout va bien, on ne peut pas dire qu'il y ait les enfants d'un côté et les adultes de l'autre.

Nadine Brun-Cosme : La question n'est pas de quoi l'on parle aux enfants, mais comment on en parle. Le mythe de l'enfance heureuse ne fonctionne pas, ce que nous écrivons doit donner de quoi tenir, rebondir.

François Place: L'écriture est du domaine de l'intime, les émotions de l'enfance y reviennent en puissance, elle entretient le goût du merveilleux, la porosité entre le réel et l'imaginaire ...l'auteur se retrouve aussi dans ce bonheur. On veut croire aux contes, on naît à nouveau à chaque livre. Chaque nouveau livre permet de dire que le monde est encore grand.

Pef : Je suis très ému par ce lieu, ce théâtre. Il y a cinquante ans, mon père travaillait au théâtre de la Ligue de l'Enseignement, le théâtre Récamier, tout près d'ici. Mon père s'est toujours battu pour l'éducation populaire, et cela a été mon école, tous ces pionniers de l'éducation populaire. Aujourd'hui on enlève 172 postes à la Ligue de l'Enseignement qui va disparaître du paysage. Le théâtre de papier que je construis avec mes livres , mon engagement , mon sens du rire, sont l'héritage des grandes ombres qui nous ont précédés.

Claude Ponti: A propos de la volonté de "donner de grands textes à étudier", il y a toujours un projet idéologique derrière un choix; le choix des parents de proposer à leurs enfants des textes conformes à leurs valeurs, le choix des enseignants de procurer à leurs élèves des textes qui les instruisent. Je m'inquiète de la volonté affichée de faire choisir les textes étudiés en classe par la représentation nationale.

Pef: J'ai toujours été ébloui par le fait qu'en train, le paysage s'arrête en même temps que le train. Je me demande aussi pourquoi les fenêtres ont des maisons...Un auteur ayant son propre ego utilise ses propres lego.

Claude Ponti: Je suis fils d'enseignant, et je sais que les enseignants transforment tout en matériel pédagogique: c'est leur nature, leur fonction, leur but, leur droit...je ne le leur dispute en aucun cas, que ce que je vois me plaise ou non. Il faut seulement que personne ne dise que j'écris des livres pédagogiques.

Nathalie Brisac et Claude Ponti: Un projet de musée des oeuvres d'enfants est en cours afin de conserver sur internet les oeuvre plastiques, chantées, dansées, théâtrales (...) des enfants qui tombent dans l'oubli ou passent carrément à la poubelle . Il s'agira d'un site internet pour l'organisation duquel nous aurons besoin de jurys et d'exposants, cela s'appellera Le Muse et on y trouvera une galerie d'oeuvres de Roland Topor.

Affaire à suivre ...

Aucun commentaire: