jeudi 12 mai 2011

Rêvons enfants de maternelle

Lire des choses pour les savoir, d'accord, c'est bien. Et si on lisait aussi pour ouvrir les portes et les fenêtres d'un monde imaginaire qui nous accompagnera toujours? Pour certains élèves, l'invitation au nonsense, à la rêverie et à l'usage de la langue que propose la littérature à l'école est une chance, la clé précieuse d'un univers qui leur appartient ... Cinq propositions pour la maternelle (et ailleurs):




S'échapper d'une île
, un petit album aux couleurs précieuses, illustrant sur un mode légèrement délirant l'enfermement d'un certain Robinson. Requins, cocotiers, thons et radeaux, tout un univers maritime et déjanté envahit la chambre d'un petit ours pendant la nuit. Les illustrations et le graphisme de Coralie Saudo, photos papier journal et trouvailles colorées, servent un texte qui de mot-clé en mots-valise pose un univers maritime et aventureux. Publié chez Millefeuilles, maison d'édition bretonne, cet album s'inscrit dans sa tradition d'histoires (un peu trop) foisonnantes mais propices à la rêverie. Le texte est de Géraldine Collet, on peut proposer l'album dès la section de moyens et s'en inspirer pour l'art visuel (compositions à bases de matériaux et photographie numérique). La suite, tout aussi aventureuse est annoncée: ce seral'assaut du château. On attend avec impatience. (9,90€)



La jungle en haleine
, d'Armelle Renoult, déroule comme une fable l'histoire du lion et du perroquet. Le texte enchaîne expressions idiomatiques et métaphores animales qui pourront devenir des jeux de langage en classe: une haleine de chacal, une langue de vipère, des grenouilles dans le ventre, une cervelle de moineau, une haleine de phoque, muet comme une carpe...On pourra s'en servir pour inventer d'autres images incongrues.La suite de l'histoire nous apprend que toute vérité n'est pas bonne à dire,surtout à plus fort que soi. Les enfants aimeront le défilé d'animaux expressifs et colorés dessinés par Eleonore Thuillier.Dès la section de moyens, publié par une maison du Sud Ouest: Les P'tits bérets (12,90€)




Un mammouth dans le frigo
, de Mickaël Escoffier et Matthieu Maudet.
Noé alerte ses parents au milieu du repas: il y a un mammouth dans le frigo. Un peu tassé, mais bien reconnaissable avec sa trompe enroulée et ses défenses aplaties contre la porte. Pas étonnant de la part de Mickaël Escoffier qui nous a déjà présenté de drôles de chauves-souris et le noeud de la girafe. Donc, le mammouth est tassé dans le frigo, les parents appellent les pompiers qui accourent avec un filet à papillons et un épervier et finissent par se piéger eux-mêmes tandis que le mammouth détale. Forcément, un mammouth en ville ça fait des histoires, surtout lorsqu'il grimpe dans un arbre et refuse de descendre. C'est Flavie, la petite soeur de Noé, qui va le chercher la nuit tombée. Où l'on va comprendre que Flavie n'est pas étrangère à ce mammouth, qu'elle connaît sa faiblesse (les carottes). En fait, il habite dans sa chambre avec plein d'autres monstres débonnaires ignorés des parents. C'est délicieux, les dessins de Matthieu Maudet respirent la gaieté (l'école des loisirs, 12€)




On retrouve l'illustrateur Matthieu Maudet avec Jean Leroy pour un album cartonné noir et bleu intitulé Une faim d'ogre. Un ogre bleu clair, taillé comme une pomme de terre, bat la campagne en rugissant:"J'ai faim!". Tous s'enfuient sur son passage, la sorcière lui propose une tarte qu'il avale comme un comprimé, le loup lui cède un ragoût de cochon (tiens tiens) qu'il avale d'un trait. L'ogre continue à éructer, la sorcière et le loup lui proposent de manger ses petits lecteurs, et ajoutent "On pourrait partager."
- Ah non, hurle l'ogre, pas mes petits lecteurs! Mes petits lecteurs, c'est MOI qui les mange.
C'est drôle et beau, à manier avec d'infinies précautions en section de petits, histoire d'être bien sûr de ne pas leur flanquer une trouille aussi bleue que cet ogre aux gros sourcils. Mais ce que c'est drôle. (l'école des loisirs )



Qui a peur de quoi? En parlant d'avoir peur, Coralie Saudo (citée plus haut pour "s'échapper d'une île")décline comme une comptine rimée (Grégoire a peut du noir, Basile a peur des crocodiles...)l'histoire d'Adrien qui n'a peur de rien. Il faut dire que ça finit par énerver tout le monde cet Adrien qui fait le malin et se retrouve un peu tout seul. Finalement Adrien a peur de quelque chose, lui aussi, et il a besoin des autres, lui aussi. Comme si la peur était parfois le bon ressort pour ne pas rester tout seul. Les élèves devraient aimer ce livre dès la section de petits, les couleurs de Coralie Saudot sont toujours aussi lumineuses et ses illustrations pleines de trouvailles. Publié chez les 400 coups, ce livre à la couverture douce et moelleuse sous les doigts coûte 8€.

1 commentaire:

valy a dit…

Très belle sélection!