dimanche 21 novembre 2010

Roald Dahl



Quel bonheur d'écouter les entretiens de France Culture cet après-midi, au programme:Roald Dahl, le renard rusé par Virginie Bloch-Lainé et Anne-Pascale Desvignes,le lien pour l'écouter est ici
"Le 6 septembre 2010, vingt ans après la mort de Roald Dahl, est sortie en Grande-Bretagne la première biographie autorisée de l’auteur de Charlie et la chocolaterie. Donald Sturrock, son auteur, a eu accès aux archives personnelles du romancier d’origine norvégienne et confirme que Dahl fut un agent du renseignement britannique, quelques mois au cours des cinq années joyeuses qu’il passa sur la côte Est des Etats-Unis, entre 1941 et 1946.C’est une nouvelle très réjouissante mais pas tellement surprenante, tant elle colle avec la vie de héros qu’a menée Roald Dahl. Après avoir été pilote de la RAF au Moyen-Orient, il a travaillé pour l’ambassade britannique à Washington et fréquenté des acteurs, des écrivains, des hommes politiques, les époux Roosevelt et par la même occasion la Maison Blanche, Ian Fleming, espion-écrivain dont il a scénarisé le roman On ne meurt que deux fois, Robert Altman … et plus tard, il a épousé l’actrice Patricia Neal, décédée cet été.



Gravement blessé physiquement pendant la guerre, Roald Dahl le fut aussi affectivement, dans son enfance, par la mort précoce de son père et d’une de ses sœurs à quelques mois d’intervalle. La vie a continué de ne pas épargner ce conquérant aventureux puisqu’il perdit une fille de sept ans et eut un fils lourdement handicapé après qu’un taxi renversa son landau. Nourri de ces mauvais coups, il a inventé pendant presque trente ans, du début des années 60 à la fin des années 80, des petits héros tout aussi aventureux et secoués par la vie que lui, souvent très intelligents, s’efforçant de se sortir le mieux possible des difficultés dans lesquelles les adultes les ont placés.


Mais Roald Dahl a imaginé aussi, dans des nouvelles destinées aux adultes, des séducteurs prétentieux, trop fiers de leur virilité pour qu’il n’y ait pas un loup quelque part ; des libidineux punis par là où ils ont péché ; une femme humiliée sexuellement par un amant-gynécologue sadique ; un policier assassiné par sa femme grâce à un coup de gigot congelé, et écrivit un roman hilarant sur la vie d’un obsédé sexuel tiré à quatre épingles. Sept de ses nouvelles furent adaptées à la télévision par Alfred Hitchcock. Les deux hommes étaient faits pour s’entendre.


Entre ces nouvelles - macabres ou sexuelles, voire les deux à la fois - où ceux qui jouent aux plus malins sont toujours perdants, et James et la grosse pêche, Le Fantastique Monsieur Renard ou Matilda, il n’y a qu’un pas. Roald Dahl balaie d’un revers de main la médiocrité et encourage ses lecteurs à se conduire en conquérants s’ils veulent avoir une chance de s’en sortir. Roald Dahl était du côté du renard contre celui des chasseurs. Il faut bien en passer par quelques filouteries pour survivre."

Dans cette émission j'ai spécialement apprécié les interventions de Gérard Guégan, romancier ( "Cité champagne" éd. Grasset, "Inflammables" éd. S. Wespieser) et Quentin Blake qui raconte sa collaboration avec RD.
Lorsqu'il écrit pour les enfants, Dahl n'élude pas la dureté de la vie, la cruauté des situations. Il ne présente pas l'enfance comme un jardin de roses, ses jeunes lecteurs peuvent reconnaître des souffrances et des peurs intimes dans ses histoires. Mais il sait terminer ses histoires sans laisser les lecteurs dans l'angoisse: ses héros sont préservés grâce à leur courage et leur audace. Son écriture est morale malgré la drôlerie et la cruauté parfois débridée, l'ennemi chez lui, c'est la médiocrité.

Concernant la classe, Gallimard a publié une version poche illustrée des photos du récent film: Fantastique maître Renard. Cela ne remplace pas les illustrations de Quentin Blake mais complète utilement une bibliothèque de classe: la diversité des illustrations rend son épaisseur à l'écriture.



Pour moi, tout est bon chez Dahl, Matilda reste un texte précieux, particulièrement aidant pour des enfants peinant à trouver leur place à l'école.


Bref, j'aime énormément cet auteur...

2 commentaires:

guylou a dit…

Bravo pour cette chronique qui m'a donné envie de me replonger dans Roald Dahl, moi qui l'ai quitté depuis que mes enfants ont grandi. Et j'ai été très heureuse de connaître un peu sa vie dont j'ignorais tout !

Sylvette Heurtel a dit…

Sa vie est un roman :-))
Merci Guylou