jeudi 25 novembre 2010

N'exploitons pas Ponti à l'école...



« Sauf adoption ou recomposition familiale, les sœurs et les frères arrivent sous forme de bébé immédiatement après leur naissance. Ce sont alors des sœurs et des frères non finis dont on ne peut rien faire »

On ne saurait mieux dire la déception des frères et sœurs aînés à qui la cohorte des adultes bienveillants, voisins, parents, oncles, tantes, nourrices, enseignants, inconnus dans les transports et autres commerçants plein de jovialité répètent depuis des mois : « Alors, t’es content ? Maman va avoir un bébé ! » à l'arrivée d'un nourrisson dans la maison.

Sœurs et frères de Claude Ponti est un trésor. Encore un. Pour sa folie, bien sûr, pour le catalogue de ses habitants extraordinaires, ces êtres-valises aux yeux ronds qu’on a l’impression d’avoir toujours connus : Réglék-Kquerr carré de partout, Grotrouillon et sa tête cachée dans un pot de sable ambulant, Lépuisé Zélasse, Kili-Toultan-Partou (c’est moi), Soeuridéale (encore moi), Squouatt-Tabaigne (Esprit d’ablutions somnolentes. Immersion. Clapotis, c’est encore moi parfois)
Claude Ponti génère les sourires, ce livre posé sur mon bureau m’a valu une grosse récolte ces temps-ci, c’est toujours bon à prendre. Mais là où je le trouve magistral, c’est lorsqu’il évoque les sujets les plus désespérants : les albums de Ponti sont des livres qui soignent.

Il a tout dessiné, il a tout évoqué : la laideur, la solitude, l’abandon, la moquerie, la honte, la mort. Il rend supportable ce qui fait mal de son écriture pondérée et son dessin exubérant, bien au-delà des albums destinés à expliciter les choses qui font mal à longueur de collection. Il faut avoir vu le regard d’enfants dont on sait la vie chaotique sur les parents d’Oum Popotte ( in Le Chien Invisible) pour en prendre la mesure.

Dans ce dernier album, Soeurs et frères,Claude Ponti évoque aussi les sœurs et les frères morts avec les mots et les images qui aident … Mais dans la série qui donne le sourire, je recommande le couple Kollant-Minute, ( Esprit d’accompagnement forcé. Bébête. Surpuissance. Agglutinance).
Je m’y reconnais également.
En classe, les œuvres de Ponti sont accessibles à tous les niveaux de la maternelle au CM2, pas pour les « exploiter », juste pour les regarder, les lire et se laisser emporter.

L'école des loisirs, 21,50 €

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