vendredi 1 avril 2011

Là où ça fait mal ...

J'avais préparé un choix de titres sur les récits à la première personne pour ce post, et ce livre est arrivé sur mon bureau ce matin. Dans la collection Trimestre chez Oskar jeunesse, Le bébé tombé du train, je vais commencer par lui pour deux raisons.



D'abord le graphisme en noir jaune et blanc, la sensibilité du trait d'Andrée Prigent cette merveilleuse illustratrice capable d'exprimer la peur, la force et la douceur avec une économie de moyens et une justesse remarquables. Gravure, gouache ou collage, ses illustrations font mouche à tous les coups et sont de nature à inspier des ateliers de pratique en arts visuels.
Ensuite parce que l'histoire de ce bébé tombé du train est une évocation délicate et nécessaire de la Shoah, un exercice difficile au cours duquel l'étoile jaune est évoquée au cinquième et dernier chapitre, au moment du dévoilement. Une lecture à programmer au CM, à mon avis, en complément du Journal d'Anne Franck et de Grand Père de Gilles Rapaport (circonflexe)






Dans la collection Petite Poche chez Thierry Magnier, Ca va déménager de Guillaume Guéraud. Un style parlé, de nombreux dialogues et un narrateur qui se demande bien quelle mouche a piqué ses parents pour qu'ils se mettent dans des états pareils: énervés, grognons, perturbés. Il regarde vivre ses copains et croit deviner la vérité: ses parents vont divorcer, comme ceux des autres,c'est sûr! La suite lui montre que non: il s'agit de déménagement, nouvelle catastrophique pour beaucoup d'enfants. Seulement la destination est la Bretagne, et, sans chauvinisme aucun, je vous assure que l'histoire finit bien. Un texte court et enlevé, sans illustration, segmenté en cinq chapitre. (cycle 3, 5€)



Dans la même collection, toujours à la première personne, Tatie Gribouille de Mathis. Sophie en a assez de sa tante Géraldine qui vient à la maison une semaine sur deux, il faut dire que lorsque Géraldine arrive avec le minibus de la maison pour handicapés où elle vit, les ennuis commencent. Sophie doit lui tailler ses crayons, écrire au Père Noël pour elle, tirer sa chasse d'eau...Elle fait même une fugue et on s'inquiète pour cette drôle de personne agaçante. Mathis évoque avec subtilité l'évolution du regard de Sophie sur sa tante, le mélange de tendresse et d'exaspération qui constitue leur relation, les surprises incessantes de la vie avec Géraldine. Huit courts chapitres qui sonnent juste et peuvent tomber fort à propos dans une réflexion sur le handicap mental (cycle 3, 5€)


Petit Polar chez mini Syros, Armand chez les Passimpas d'Olivier Mau. Le jeune narrateur vit une grande histoire avec son ami Armand, il l'emmène partout, parle avec lui ne pense qu'à lui...La complication c'est que cet ami est un canard, muni de couches et capable de se glisser dans les cartables, au point qu'on se demande s'il n'entre pas dans la catégorie des amis imaginaires. Un matin au petit déjeuner les parents annoncent la couleur: il va falloir se séparer d'Armand. Le papa est "lieutenant de police comme Columbo mais en beaucoup plus beau", la maman a consulté la psychologue: au vu des résultats scolaires, ce canard nuit à l'équilibre du héros. Une épopée dans les rues de Paris et une poursuite avant une fin réjouissante pour ce court roman déjanté et très drôle.cycle 3 (2,90€)



Narration à la première personne et jeu sur les points de vue avec cet album de Mario Ramos, La peur du monstre. Polochon nous raconte sa vie, sa maman lui répète combien il est mignon, adorable, un amour.Tout va bien pour lui jusqu'au dernier bisou du soir après l'histoire et les câlins. Parce que sous le lit de Polochon, héros aux yeux jaunes et au long museau vert, se cache un monstre redoutable: une petite fille avec des couettes blondes et une très vilaine langue qu'elle tire en faisant les pires grimaces...Chacun son monstre, chacun peut être le monstre de l'autre. On retrouve avec bonheur le trait virulent et les expressions variées des dessins de Ramos.
Les fans de Max et les maximonstres de Maurice Sendak noteront que Polochon entre dans un monde coloré par les rêves dont il ressort pour la clarté vide de la réalité. A partir de la section de moyens (Pastel 10,50€)

Enfin à regarder sans modération sur le site du Conseil Régional, Cul de bouteille, un merveilleux film d'animation qui rappellera quelque choses aux myopes imaginatifs, c'est par ici.

Cul de Bouteille - Bande-annonce par Vivement_Lundi

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Au sujet de la 2ème guerre mondiale, j'avais beaucoup apprécié un livre de Colette Vivier: rue des quatre vents. Hélas, il est épuisé. C'était pourtant un tableau très juste de la vie quotidienne d'une famille modeste à Paris, et on y voyait la diversité des points de vue, et l'évolution des uns et des autres. Pour les enfants de CM c'était une très bonne initiation.