jeudi 9 octobre 2014
Retournement de situation
Dès la maternelle on peut apprécier que les
histoires contiennent des surprises, quelques nouveautés qui donneront l’occasion d’en discuter avec des
élèves en voie de devenir lecteurs …
On verra demain. Ce très bel album de Michaël Escoffier et Kris di
Giacomo met en scène un champion de la procrastination : Paco, le
paresseux accroché à son arbre de toutes ses longues griffes. Paco décline
toutes les façons de dormir sur une branche pendant que le monde s’agite autour
de lui : non seulement il ignore totalement les injonctions d’aller jouer
ou de se marier mais en plus il ne bouge pas lorsque les castors détruisent la
forêt autour de lui. Ce n’est que bien tard, quand ils s’en prennent à son
arbre, qu’il réagit enfin. « Sans son arbre, il mourrait, c’est sûr.
Il lui faudrait dénicher chaque jour de quoi manger, trouver chaque soir un
nouvel endroit où s’abriter, autant de choses qu’il avait réussi à éviter au
cours de ces longues années. »
Paco s’anime, interpelle les bûcherons, il les
envoûte en leur racontant combien cet arbre est magique : il contient tout
un monde d’insectes et d’amphibiens extraordinaires, des oiseaux fabuleux, des
lézards capables de marcher sur l’eau…Captivés, les castors cessent de
cisailler et en redemandent. C’est alors que Paco retourne se coucher.
En classe cet album donne
l’occasion de parler d’environnement, de reformuler l’histoire et de discuter
des fins possibles de l’histoire. De la section de moyens au CE1, Kaléidoscope,
13€
La fête de Billy. Revoilà Billy le hamster qui va fêter son anniversaire,
au programme: fête costumée, il n’y a plus qu’à lancer les invitations. Bien
sûr, Jean-Claude le ver de terre est le premier invité, avec son nouveau petit
frère Didier. Billy fait le tour des amis avec Jean-Claude et ils perdent le
bébé en route. Panique, ils finissent par le retrouver chez l’inquiétant vautour
et on se dit que ça va mal finir. Finalement la fête a lieu, tout
le monde est là, même quelqu’un qui s’est déguisé en fantôme et que personne ne
reconnaît. ..
Une histoire parsemée de traits
d’humour adaptés aux enfants et une
devinette à élucider ensemble : qui peut être ce gentil fantôme qui
s’occupe du bébé ver de terre ? En discutant avec les élèves on passera un
bon moment autour de la compréhension de texte. De la section de moyens (bien que
ce soit un peu long en début d’année) au CE1. Catarina Valckx , l’école des
loisirs, 12,70€
C’est Papy qui choisit. Le petit narrateur décrit ses mercredis
avec son grand-père : toujours la même chose, Papy lui demande de choisir
entre des activités ou des plats qui ne lui plaisent pas. On sent que c’est
plutôt barbant…Alors il décide de prendre le taureau par les cornes :
« A partir de maintenant, c’est toi qui choisis, Papy ! ». Les
voilà donc devant la télévision, il y a foot, ça promet. Mais voilà Papy qui
s’anime et se souvient : « Quand j’avais ton âge…Et si on allait
jouer au foot ? ». Finalement le mercredi se passe de mieux en mieux,
ils font plein de nouvelles choses et la chute indique combien le petit garçon
a adoré ce temps partagé. En plus d’une bonne technique de manipulation,
l’histoire donne l’occasion de discuter pour préciser les points de vue de
chacun, de la section de grands au CE1. Les dessins sont merveilleux de tendresse, Jean Leroy et Jean-Luc
Englebert, Pastel, 10,50€.
Ce n’est PAS une bonne idée. Mo Willems revient avec un album à la
manière des films muets : personnages hyper-expressifs, cartons noirs
encadrés de blanc pour les dialogues,
avec en plus une série de poussins-narrateurs très amusants qui
reviennent ponctuer le déroulement de l’histoire. Il s’agit d’un renard qui
invite une oie à dîner, elle accepte avec enthousiasme malgré la mise en garde
du chœur des poussins : Ce n’est PAS une bonne idée. Finalement, ce qui
semblait à craindre n’arrive pas, bien au contraire puisque le renard finit à
la casserole. Le texte court et structuré présente un intérêt certain pour un
usage à l’école maternelle : répétition d’une forme négative complète en
ritournelle, registre soutenu. On aura de bons moments avec les enfants et ils
devraient s’emparer du texte avec bénéfice.
Dès la section de petits, Kaléidoscope, 13 €
Libellés :
coups de théâtre,
fins inattendues,
surprises
mardi 7 octobre 2014
GRANDIR !
Les enfants sont devenus plus grands en changeant de classe, c’est l’effet magique de la rentrée.
De plus en plus haut. A ce propos un très bel album nous donne des
repères entre la taille d’un enfant de dix ans et celle d’une girafe, celle d’une
statue de l’île de Pâques et celle de l’Obélisque de Louxor…Au fil des
illustrations simples et détourées on visite le monde entier et son ordre de
grandeur : la statue du christ rédempteur à Rio de Janeiro moins haute qu’un
baobab de Madagascar, les Supertrees de Singapour, la fusée Ariane, la tour de
Pise à 56 mètres malgré son penchant, le phare de l’île Vierge à 82,50 mètres.
On grimpe vers la statue de la Liberté, Notre Dame, Big Ben en passant par le
minaret de la mosquée Hassan II et la tour Chrysler. Pylône géant, éolienne
formidable, tour de 160 étages…pour arriver au point le plus haut, les 8848
mètres de l’Everest pas encore dépassés. Après avoir feuilleté l’album long et
stylé pour la beauté des illustrations, on trouvera les informations concernant
chaque édifice sur une double page. Une réussite et une piste pour d’interroger
sur les mesures de l’école et de son environnement. Justine de Lagausie et Mikhail Mitmalka, De La
Martinière jeunesse, 12,90€ (à partir du CE1)
Gérard le bousier. Grandir c’est aussi traverser des épreuves et en
sortir changé. C’est le cas de Gérard qui a trouvé une étrange boule, dure et bosselée. Il la roule derrière lui
pour réussir la mission qu’il s’est donnée : trouver les parents de cet œuf.
Il part à la rencontre de l’autruche qui ne reconnaît pas sa progéniture (trop
petit !), du coucou qui l’oriente vers d’autres ovipares que les oiseaux,
de la grenouille qui ne pond pas du tout comme ça, des serpents dont on se
méfie quand même un peu. Finalement il découvrira des parents indignes armés de
cannes et occupés à frapper d’autres œufs blancs et sphériques. S’il n’est pas
connaisseur en golf, Gérard est néanmoins un très gentil personnage, il choisit
de garder son « œuf » près de lui et de s’en occuper. C’est beau
(Andrée Prigent signe les illustrations), c’est tendre et drôle avec de vraies
informations sur les animaux. Fred Paronuzzi et Andrée Prigent, , Kaleidoscope 13€, à partir de la section de moyens.
Le zoo
derrière la porte. En devenant grand on accède à des mondes cachés, des
aventures secrètes. C’est le cas de Sylvie qui découvre une porte dans le mur
de sa chambre, derrière cette porte un couloir, une autre porte et un zoo
secret où toutes sortes d’animaux attendent sa visite. Pour Sylvie commence
alors une double vie : chaque nuit elle va chercher quelques animaux qu’elle
ramène avec elle pour partager son bain et son lit (ou sa descente de lit s’ils
sont trop lourds). Chaque matin elle ramène les animaux au zoo et ferme les
portes, jusqu’au jour où elle se réveille en retard et oublie de fermer la
porte secrète…Une belle histoire à propos de vie intérieure qui plaira aux
élèves rêveurs, ceux qui ont du mal à se reconnaître dans les aventures trop
réalistes. John Burningham, Kaleidoscope, 14€, à partir de la section de
grands.
Le grand bateau de Grand Ours. Grand Ours est devenu trop grand
pour son petit bateau, il doit en construire un autre. Le même que son petit
bateau en plus grand. Il travaille dur, son bateau est prêt : exactement
comme il le rêvait. C’est alors le défilé des amis et voisins et la litanie des
conseils : pour le castor il faudrait un mât, pour la loutre il manque un pont, pour le
héron une cabine serait bienvenue…Grand Ours écoute chacun et transforme petit
à petit son bateau qui finit par ne ressembler à rien, en tout cas pas à ce qu’il
voulait, il n’est pas satisfait. Alors il démonte tous les ajouts jusqu’à ce qu’il
retrouve le bateau du début, celui qui lui plaît à lui, grandir c’est aussi affirmer ses choix. Un album délicieux, un régal de regarder Grand Ours dériver au fil
de l’eau dans sa barque. Eve Bunting et Nancy Carpenter, Pastel, 10,50€
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